Comment se peut-il que je vous émouvasse. Vous autres poupées russes, emboîtements de codes, devoirs et autres problèmes enveloppant votre être naturel. On a tous nos petites priorités mais il reste le rire de la raison.
Un beau matin j’ai su par voie de presse radio que le gouvernement polynésien lançait un appel à projets pour lutter contre l’obésité, expliquant le plus simplement du monde qu’il a fait tout ce qu’il a pu, peine perdue, le fléau s’étend et il coûte désormais quelque 15 milliards de francs pacifique à la collectivité. Guère plus avant on apprend que l’enveloppe budgétaire dédiée est de 30 millions de ces mêmes francs (1 neuro fait 110 francs pacifique(s)).
Dès le lendemain sur l’ineffable répondeur de radio1 un taata tahiti a eu tribune en disant
… Et ils donnent 30 millions, c’est rien 30 millions à côté de 15 milliards
C’est un peu triste de n’avoir ni raison ni tort en s’esclaffant de ce qu’on a mis le doigt en plein sur le noeud. Tout d’abord ces 30 millions ne sont pas donnés et ensuite ces 15 milliards ont beau coûter ils sont quoiqu’il en soit payés à quelqu’un et quand on veut regarder l’obésité en polynésie il est utile de se rendre compte qu’il s’agit d’une industrie.
Ceci m’a un jour fait dire que si on peut déplorer la crasse de nos matières grises, la matière grasse elle est choyée. J’ai prié pour qu’ils reçoivent mon projet, que j’aurais certainement lancé comme suit.
Combattre l’obésité est impossible, ça n’existe pas en tant que chose à combattre. Par contre on peut combattre les obèses… Et là pas besoin de chirurcaliser les frappes, encore moins de se préparer sérieusement. La chose est infaisable mais pas dénuée de truculence, je vous fais néanmoins grâce des détails de l’offensive tous azimuts que j’ai entrevue mentalement.
Heureusement qu’au fin centre du pacifique sud rien ne presse jamais vraiment quand il s’agit de réformes propres à tailler dans le dur.
La campagne d’annonce de cet appel à projet, en plein mois de juillet, a reçu un renfort étranger. Toujours par la radio j’entends qu’en amérique du sud, en argentine ou voisinage :
…le gouvernement a décidé de frapper un grand coup pour enrayer l’obésité qui frise les 60% de la population et de mettre en oeuvre une politique publique forte. Il décide d’interdire les jouets dans le apimil et les kinder surprise.
Chez Djefbernier ont aime se moquer et là, ben on est resté coi. On nage dans le sidéral. Au jour d’aujourd’hui je me rends compte qu’on a de la ressource en amérique du Sud, voilà une initiative qui malgré tous les désagréments qu’elle mène va avoir sa petite chance de vaincre
Bref on est mi septembre quand j’assiste, encore à la radio à une offensive télévisuelle contre l’obésité. Documentaire sur l’obésité retransmis à la radio, le gras n’a qu’à bien se tenir. Nous autres malbouffeurs en avons été quitte pour notre soirée. Tahiti ? Y’a qu’à lever le nez pour voir plus gros que soi. Mais avec 30 millions qu’est-ce qu’on peut faire d’autre qu’un docu ?
Ah, j’en oublierais presque que vous êtes en guerre dans une nation d’ores et déjà dépecée.
Histoire de ne pas inonder la toile je vous épargne les mots-clés de mon état d’âme.